Le coup de gueule de Pierre Thévenin : de l'usage de la langue française
Copé l'avait annoncé dans un livre : finie « la langue de bois ».Il avait juste oublié de préciser qu'elle serait remplacée par « les éléments de langage ». Mais cette
substitution n'était pas facile à prévoir.
Personne ne peut dire où ni comment naissent la plupart de ces mots et expressions qui sont répercutés de perroquet en perroquet et qui, en principe, ne durent qu'un temps.
Autre exemple : il y a vingt ou trente ans, on disait toujours « au niveau de ». Maintenant, c'est « en termes de ».
D'autres ont la vie beaucoup plus dure : il y a longtemps que les gens qui veulent témoigner de leur niveau socio-professionnel ne « résolvent » plus les problèmes mais les « solutionnent ». De la même façon qu'ils se « positionnent ». Idem pour les musiciens, les vrais, que l'on reconnaît au fait qu'ils n'ont pas de « matériel » mais du « matos ».
Il s'agit bien d'un psittacisme qui n'apporte rien à la langue et aurait plutôt tendance à l'appauvrir (il est vrai qu'en linguistique la loi du moindre effort est reconnue).
Les gens des médias contribuent d'ailleurs souvent à véhiculer ces expressions. Je pense à Yves Calvi à qui rien de ce qui est dans l'air ne saurait échapper et qui, un jour, après avoir dit malencontreusement « finalement », s'est empressé de rectifier : « in fine » (comme s'il avait proféré une obscénité).
L'origine de certains mots passe-partout est connue : « pragmatisme » a pris son essor lors de la visite de Kadhafi à Paris en 2007 (au début, « realpolitik » a pratiquement fait jeu égal avec lui mais, comme ce n'était pas un anglicisme, ça n'a pas tenu). Le chanoine aura au moins laissé autre chose que des dettes. Ceci dit, il serait étonnant que l'on s'en souvienne dans les siècles des siècles.
Les tics qui m'agacent le plus sont « machin « de chez » machin » (on a tellement d'adverbes pour exprimer la même chose!) et « ça le fait » qui n'arrive pas à détrôner « c'est cool » (évidemment, là; c'est un anglicisme).