Almanach Vermot 1939 : Petits articles tout zazimut
La résistance du corps humain
Certains exemples donnés par les jeûneurs et notamment par le fameux Succi ont apporté à la science la preuve formelle de la résistance du corps humain à la famine.
En fait, pour justifier la vieille expression « mourir de faim « , il faut que l’organisme soit totalement privé d’aliments, et surtout de liquides pendant de nombreux jours. Pendant le terrible tremblement de terre qui désola la Calabre et une partie de la Sicile en 1783, dix personnes restèrent ensevelies durant quinze et vingt jours sans, sous les décombres, sans boire ni manger. Un jeune enfant, nourri au sein, resta quatre jours sans boire une goutte de lait. Toujours à propos de cette catastrophe disons aussi que deux mules, bloquées par les roches, furent privés de boissons et d’aliments durant vingt-cinq jours.
A Sienne, les professeurs Luciani et Bufalini ont isolé une chienne à laquelle ils injectèrent quotidiennement 155 centilitres d’eau par jour et qui vécut ainsi un mois. Mais le cas le plus stupéfiant est sans doute celui qui fut observé dans le Piémont par le professeur Dominico Osella, médecin des princes de la maison de Savoie- Carignan.
Une femme, Anna Garbero, âgée de 55 ans, s’alita le 8 septembre 1825 et, dès ce moment, cessa de s’alimenter. Le 3 avril 1826, la transpiration de la peau cessa. L’épiderme se parchemina. Le miroir placé devant ses lèvres ne se ternissait pas. Les docteurs, qui venaient voir ce cas extraordinaire avec l’intérêt que l’on devine, constatèrent que la malade avait conservé très aigu le sens de l’odorat. Le parfum d’une rose approchée de ses narines la réveillait.
Elle mourut le 17 mai 1827 après être demeurée, si incroyable que cela paraisse, trente deux mois et onze jours l’estomac vide !

Les seaux de la Belle Gabrielle
Tout récemment encore, en plein Paris, sur la butte Montmartre, existait une sorte de bicoque ayant appartenu à la Belle Gabrielle et dans laquelle Henri IV venait se reposer les jours de chasse. Devant la pavillon était un puits au fond duquel on pouvait voir deux ronds qui émergeaient de la boue fétide. C’était deux seaux de bois datant du roi Henri ! La commission d’hygiène ayant décidé de faire combler le puits, dont les émanations nauséabondes étaient dangereuses pour la santé publique, on voulut sortir les seaux : le bois vermoulu tomba en poudre et l’on ne put remonter que les ronds de fer rouillés qui jadis les encadraient. Que sont-ils devenus ? Sans doute les gamins de ce quartier jouent-ils encore au cerceau avec le seau de la Belle Gabrielle.