Arkel - Recueil " Marie "
j'écris de chez moi
j'ai fait du café
je ne devrais pas boire de café
c'est pas bon pour la tension
j'ai laissé tomber la bouteille
à part des fois
le Saint Amour du dimanche
pour se croire riche
et traverser les vignes du Beaujolais
j'ai toujours aimé caresser la vigne
ça ouvrait ma gorge
et le vin c'est bon
c'est connu
maintenant je ne vais plus dans les vignes
j'ai éclaté mon ventre vinicole
dans une prise de sang
pour faire peur
les prises de sang sont des traîtres au bonheur
les temps ne sont plus à la fête
j'écris de chez moi
le café refroidit seul
j'ai envie d'une cigarette
ça m'arrive encore parfois
même après toutes ces années d'abstinence
pourrir mes poumons d'une fumée
qui apaise et cancérise
aujourd'hui il fait gris
comme un tabac grand père
favoriser les interdits vient de là
une taf de tabac gris roulé dans des mains anars
j'écris de chez moi
j'ai vieilli ces derniers temps
je le sens
je ne provoque plus l'amour
et les femmes sont capricieuses
elles ne sentent plus le printemps
ce printemps qui dure toutes les saisons
j'écris de chez moi
je deviens docile
j'écoute la voix amoureuse
je suis sage
je vieilli
la sagesse s'achète sur des seins matinaux
et j'ai fourré mes révoltes dans l'ouverture
de cuisses ancestrales
maintenant
je cherche à ordonner
mes souvenirs pour t'écrire
j'écris de chez moi
j'ai le dos qui se voûte
sur la table d'écriture
je boirai bien un verre de vin
le café est glacé
comme ma solitude
qui fera mon manteau printemps
j'écris de chez moi
et toi Marie sainte mère du prince Jésus ?
il y a longtemps que tu n'as rien dis
Arkel " Marie "
